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 Vos Jumpseats

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F-MANU
Espoir
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Vos Jumpseats Empty
MessageSujet: Vos Jumpseats   Vos Jumpseats EmptyDim 25 Déc - 21:41

Salut à vous,

:santa: Joyeux Noël !! :santa:


Pour inaugurer ce topic, je vais vous raconter une expérience aéro qui m'a marqué, de celles qui m'ont conforté dans ma passion. Bonne lecture.



28 Avril 2000


Avant de commencer, voici quelques infos sur le protagoniste du récit, j'ai nommé le Saab 2000, biturbopropulseur suédois de transport régional qui file à 360 kts grâce à son profil étudié et qui lui a valu le sobriquet de Concordino.


Vos Jumpseats 20000we


Vos Jumpseats Deskday9gc


Ce jour là je rentre de Madrid-Barajas sur Toulouse avec Régional Airlines, un vol court mais suffisament long pour me remplir la tête de beaux souvenirs. Nous avons décollé peu avant le coucher du soleil, le ciel est bien dégagé, c'est pas Cavok mais presque de toute façon il va faire nuit et les pilotes sont qualifiés IFR, enfin j'espère...


C'est la première fois que je vole sur un avion de ligne propulsé par hélices ou plutôt par pales, comme à mon habitude je suis collé au hublot dés le repoussage, pas trop prés de l'aile pour ne rien gâcher du panorama mais suffisamment prés de cette drôle de bestiole noire qui brasse puissamment l'air dans un doux sifflotement. Le spectacle peut commencer.

Au roulage jusqu'au point d'arrêt, nous croisons d'autres liners tous plus imposants les uns que les autres, je prends quelques photos, un 777 par ci, un 747 par là et nous au milieu. Notre avion qui projette au sol une ombre allongée, m'évoque une sauterelle haute sur ses pattes prête à bondir. Il va faire nuit sur Madrid, on ne peut choisir meilleur moment pour s'envoler, contempler un coucher de soleil au FL250, me dis-je. Le vol de nuit a quelque chose de magique, d'ailleurs St-Ex en a fait un livre...peut-être pas pour les mêmes raisons car à l'époque il valait mieux avoir le nez sur les cadrans de ces vieux coucous, bref le décollage est imminent.

Quelques gallons de fuel plus tard, nous arrivons sur le seuil de la piste, il n'y a personne à l'horizon, le contrôleur donne la clairance, on s'introduit furtivement sur la piste et d'un coup d'oeil pendant cet instant qui précède l'alignement , j'embrasse du regard ce ruban de béton de plusieurs kilomètres dont j'ai oublié le numéro.

Le Saab est maintenant aligné et 50 passagers attendent plus ou moins angoissé, la mise en puissance. A l'avant pilote et copilote sont OK, l'angle de l'hélice varie de manière visible jusqu'au pas maxi, l'accélération est digne d'un jet. On quitte le plancher en moins de 30 secondes, même pas à la moitie de la piste...

Encore une ptite photo pour la route.

Vos Jumpseats Sunset4xp

Nous sommes en croisière depuis un bon quart d'heure. L'hôtesse s'approche pour me servir mon dîner. Je me lance :

«  Excusez moi, est ce que je pourrais faire un tour dans le cockpit ? »
«  Dans le cockpit ? Euh.....seulement comme ça ? »
« Euh...oui »
« Bon je vais demander au pilote », c'était avant le 11 Septembre.
Sûr de moi, je rajoute : «  est-ce que ça serait possible pour l'atterrissage ? »
- «  Pour l'atterrissage? Je vais demander »


Elle part vers l'avant de l'appareil et ouvre la porte du cockpit, se penche vers les pilotes leur demande. Elle revient : « oui tu peux venir, c'est bon pour l'atterrissage », je suis aux anges !

Vos Jumpseats Night1ss

A l'avant les pilotes m' accueillent d'une poignée de mains. Les présentations terminées le copilote m'invite à prendre place sur un strapontin, qui je l'appris plus tard s'appelle un jumpseat, reservé aux instructeurs et aux passionnés comme moi. On me fait boucler ma ceinture, le copi me passe un gros casque de pilote qui me recouvre totalement les oreilles, le bruit des moteurs est soudain étouffé, au début je ne comprends pas trop mais bref il trifouille des interrupteurs sur le panneau supérieur, je n'entends toujours pas. Visiblement le problème vient de la prise, enfin il me passe un autre casque plus léger style walkman, avec micro celui là ! J'entends distinctement le contrôle aérien et je peux parler à loisir avec les pilotes, leur poser un tas de questions, le pied quoi !


Nous avons entamé la descente, passant 19000 ft, le commandant me fait remarquer une grande flaque lumineuse devant nous, voilà Toulouse... à 51NM. J'adore les chiffres, je lui demande aussi notre vitesse, il interroge le copi du regard et répond que nous volons à 340 kts par rapport au sol, un peu plus de 600 km/h pour les profanes. J'observe tout ces écrans dans l'obscurité, essayant de comprendre chaque donnée, je me débrouille en fait, sans doute que les dizaines d'heures passées à jouer au simulateur y sont pour quelque chose. Mes deux compagnons préparent leur approche, à la lueur d'une loupiote et des étoiles.
Je comprends alors cette solitude des premiers aviateurs, qui ont jadis inauguré le vol de nuit, nous sommes seuls dans le ciel, les pilotes et moi, loin de tout, à des milliers de mètres plus bas les Pyrénées sont là invisibles, les indications du GPS, les waypoints quadrillent notre route, autant de bornes virtuelles, justement en ce moment nous passons au dessus de la balise ANETO le plus haut sommet des Pyrénées, puis ASPET du côté français. On est pile à la frontière.

Le brouhaha du contrôle est incessant, créant un fond sonore si caractéristique, les impressions sont trompeuses, nous ne sommes pas seul dans le ciel ce soir.

Le pilote demande au copilote : « Tu les as ?»
- «Oui..»

« Québec 5-3-6 descendez au niveau 130.... Hôtel Victoria vous me recevez.. ? Cap 0-7-0 pour intersection », aussitôt le CDB tourne la molette du PA, l'avion s'incline docilement à droite jusqu'au cap demandé.

Deux voyants oranges s'illuminent, les pilotes les éteignent chacun de leur côté, j'observe un peu perplexe, sans vraiment comprendre.

Je demande alors sur quelle piste on va se poser.

Le pilote hyper concentré hésite un instant : «... la 33 par le sud ...on va voir la ville »

Au même moment, à l'écoute d'une autre fréquence ( Blagnac Sol sans doute), le copi griffonne un code mystérieux sur une feuille de route : F40

Nous allons passer sous les 10000 ft, on allume les feux de navigation, puis le copi égrène une checklist, que son collègue répète machinalement comme une prière. La tension monte et agacé le pilote peste plusieurs fois contre le contrôleur faute de pouvoir évacuer son stress autrement, à propos d'une histoire de remise de gaz, je sais plus trop... Ils doivent en avoir simplement marre, envie de se coucher après leur 4 rotations quotidiennes.


Très rapidement nous atteignons 5000 ft avec un bon 250 kts au badin, on frise l'excès de vitesse, pour rattraper 5 minutes de retard en somme. Le tout en effectuant un large virage par la gauche.
Sous nos pieds défilent les premières lueurs des banlieues assoupies. Pour ma part j'essaye de distinguer la piste, qui ne doit plus être bien loin, en vain, j'ai balayé la pénombre, rien à droite, ni à gauche, encore moins devant....

Je m'en inquiète auprès du pilote: « on fait un atterrissage ILS ? »

« tu fais du simulateur ? C'est un peu plus compliqué ici... » répond le copi amusé

Sur ce le pilote remet des gaz pour maintenir la vitesse. Quelques instants plus tard nous nous alignons sur l'axe de la 33L, enfin la piste est en vue. Les conditions étant bonnes le copi déclare l'ILS annulé, le PA est déconnecté, le pilote prend les commandes, et va poser tout ce beau monde en manuel, ça ne se refuse pas.


Sitôt dit, sitôt fait. Nous sommes en longue finale à 200 kts, il faut absolument réduire, sachant que la vitesse optimale d'approche se situe vers 130 kts. En un geste sur le manche, le pilote fait un crochet à droite et on s'aligne sur la 33R, il est encore temps...

« Train sur sorti », ça freine pas mal.

Nous survolons déjà la zone commerciale de Portet, je reconnais l'enseigne géante Carrefour, enfin j'arrive à me repérer, le seuil est à 4NM.

- « Volets 15... », l'avion pique un peu du nez, il faut bien le pousser un peu pour qu'il descende, 150 kts affichés, 2000 ft à l'altisonde.

Puis vient l'hippodrome illuminés de tous feux qui se profile pile devant nous, à peine plus d'une mille entre nous et le seuil, j'aperçois furtivement mon lycée en forme de demi-cercle, tout va très vite... Pas le temps de s'attarder sur le paysage, qui pourtant m'est très familier du sol.

Vos Jumpseats Lfbo1ok

Le pilote lance : «  on va faire un atterrissage court! »
Le copi se prend au jeu : «  un atterrissage d'assaut ouai »

Toutes nos excuses aux riverains, parce que là on commence à voler bas.. Purpan passe sous notre aile et le copi qui manifestement est un habitué des lieux, aperçoit son hôtel.

«  y nous zont casé au Novotel ? »

Quant à lui le CDB est plus intéressé par la 33R, heureusement...

140 kts.... 1000 ft ....

« minimums» annonce le GPWS

Hop on survole la rocade, en bordure de Blagnac, le copi récite les hauteurs :

- «100 pieds....50....10...5... »

Dernier instant de flottement, le pilote arrondit à 115 kts. Badadoum ! Légèrement à gauche de la ligne blanche.
« Tu devrais t'aligner » glisse le copi, j'ai vu mieux... l'atterro est la science des ânes diront certains pour se consoler.
Dès que la roulette de nez est posée, je me retrouve projeté en avant, mes sangles tirées me rattrapent avant que je ne m'étale sur la console centrale.

- « 80 noeuds »

On freine encore, puis on dégage par la droite et on s'immobilise un temps pour attendre les instructions du sol . Le copi ressort ses feuilles:
«  on est en FOX 40 »
Au bout de la ligne jaune se trouve un agent, ses bâtons fluorescents nous donnent les dernières corrections.

Voilà on est au block, un bus de piste va nous débarquer. Pour les pilotes la journée est finie, ils reposent leurs casques, je les remercie pour leur gentillesse. En descendant de l'avion, je jette un dernier coup d'oeil au cockpit faiblement éclairé, mon esprit est encore là haut dans les nuages....



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